vendredi 29 janvier 2010

Critique cryptique:Death in love-le jewish guilt érotisé

Vous n'avez probablement pas du tout entendu parler de ce film. En ce moment, il repose incognito sur les étalages de votre club vidéo, innocent, déguisé en drame de mœurs avec sa pochette ridicule qui évoque un thriller érotique d'Adrian Lyne.


Dommage. La pochette initiale (En bas) était autrement plus évocatrice. Faut bien vendre le film hein?


Mais OH! Regardez le collant de la régie du Québec! 18 ans et plus les aminches! C'est pas souvent que des films sont classés comme ça ici, non monsieur! Martyrs, Irréversible, Baise moi. .. ça prend du stock assez solide pour mériter cette étiquette. C'est un sceau de garanti: il y aura du cul, du sang et les deux ne seront pas nécessairement dissociables. Mais voilà, vous retournez la pochette et vous lisez le nom du réal. .. Boaz Yakin. Si vous connaissez le bonhomme vous n'êtes probablement pas très inspiré. À son actif, Yakin a des trucs tels que Fresh, A price above rubies, Remember the titans et Uptown girls. En tant que scénariste, c'est encore plus saugenu: The Punisher (Celui de Dolph), From dusk till dawn 2 et Dirty Dancing 2. Il y aussi le co-propriétaire de la compagnie de film d'horreur de Eli Roth, Raw Nerve.

Étrange feuille de route, pas vrai? Je ne vous dit pas à quel point Death in love n'a rien à voir avec tout ça.

5 minutes que le film est commencé et je vous promet que votre arcade sourcilière au complet se fronce. 30 minutes plus tard, vous allez être consterné par ce brûlot qui semble n'obéir qu'à ses propres pulsions. Dire que le film est déstabilisant est faible. Il a une grosse guêpe cachée dans la fraise et au moment de croquer dedans, elle ne se contente pas de vous piquer la langue, elle va crever en vrombissant dans votre gorge. Ma métaphore est très appropriée.

Death in love est un film hybride, un mutant multicéphale. Vous excuserai le name dropping qui suivra mais ça sera ici inévitable. Une partie du film est une évidente relecture de Night Porter de Liliana Cavani (cliquez ici pour écouter notre émission sur ce film vénéneux) mais dans le décor et le contexte de Salo ou les 120 jours de Sodome avec une Jacqueline Bisset qui joue Charlotte Rampling mieux qu'elle même. No joke. Des nazis et des juifs qui batifolent comme c'est pas permis. Peut-être même qu'ils s'aiment. Dr. Mengele in love! CUTE! Nous sommes ensuite introduit aux protagonistes à New-york, quelques temps après 9/11. Indirectement, sans qu'ils ne le sachent, ils portent les stigmates du batifolage mentionné plus haut. Ce monde là ne va pas bien, mais alors pas bien du tout. Le film devient avec eu une sorte de Shortbus juif réalisé par Haneke, où il est surtout question de culpabilité et de dégout. On baise dans Death in love, mais sans plaisir et avec répulsion. Le décrié jewish guilt sclérose totalement toute possibilité de relation émotive. Les juifs du film portent leur névrose comme Samson sa tignasse ... si elle était pleine de poux.

Si ce n'était que ça, ce serait déjà pas mal, mais c'est réalisé comme un film d'horreur, un très bon et efficace film d'horreur. Plusieurs scènes sont terriblement angoissantes. Une pincée de Kubrick, de l'inquiétante étrangeté au bon moment. Les influences de Yakin sont claires et la probabilité de leur co-existence dans un seul film était plutôt mince. Mais ça, Yakin n'en a cure. Il en résulte un film assez éprouvant, déstabilisant et inégal, mais totalement sincère.

Hey ... what's not to love.

Dieu sait que je ne l'ai pas vu venir, la giclée de vomi qui venait en prime avec le french kiss.

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