jeudi 12 juillet 2012

Notre émission du 5 juillet: X-TRO et la fin des grands (V)idéaux

Pour nous écouter cette semaine, CLIQUER ICI
 
Le 7ème antiquaire a beau être un adorateur des vestiges d'une époque révolue, nous ne sommes pas pour autant des passéistes. Certes, nous comprenons et partageons la souffrance de toute cette génération de cinéphiles qui nous a précédée, ces passionnés qui ont vaillament  bâti leur culture en cinémathèque, dans les cinémas de cartier, avec une révérence que je trouve franchement inspirante.
Ces cinéphiles, pour qui la notion de rituel était forcément importante, ont tout à fait le droit de se lamenter de l'agonie du 35mm (faut dire aussi que "35 mm" sonne viril au boutte, alors que "DCP" sonne gravement comme une maladie vénérienne qu'on chope en baisant un cheval). La génération du VHS dont je suis issue ne connait pas les mêmes tourments, mais il ne faudrait pas croire que nos souffrances sont anodines. La lente agonie du club vidéo, suivie de la consécration de la vidéo sur demande, consolidera l'atomisation de la prochaine génération de cinéphiles. Disparaitra ce plaisir suranné de "bouquiner" son film, de parler cinéma avec une étrangère et vous retrouver à baiser dans une ruelle après une conversation de plusieurs heures  parce que vous avez la même fascination pour Zulawski et Carpenter.
Une terrible nostalgie me tenaille depuis quelque temps; celle du plaisir que nous avions, tout jeune, à déambuler avec candeur dans les allées de club vidéos pour tomber au final sur une pochette de VHS comme celle que vous voyez plus haut. Sans le moindre avertissement. J'ai 8 ans et je viens de voir l'image d'un homme qui s'autocannibalise. Bordel...un peu tôt pour ça peut-être non? OU PAS!!!!!
Des cauchemars magnifiques s'ensuivaient, invariablement. Ces sensations me manquent: je n'ai jamais pu les retrouver.
Les traumatismes que m'ont fournis les images de pochette de VHS étaient souvent autrement plus significatifs que ceux laissés par les films eux mêmes. Cette période me manque tellement...
Celle d'un temps où un jeune homme pouvait tomber face à face avec ce genre d'image:
Putain de bordel de merde!
La délicieuse surcharge d'Éros et de Thanatos qui est contenue dans cette image hein? Kristeva elle-même s'en roulerait la bille! Pendant des années, cette image troublante de chienne de Satan aux mamelles appétissantes m'a totalement fasciné. Ce n'est pas moins d'une décennie plus tard que je vis le film en question. Sympa par ailleurs...y'a même une scène où les seins de la dame se font posséder de démons. Si si.
C'était un monde bien pervers que celui du club vidéo des premiers jours, avec ces étalages où se côtoyaient allègrement LA PLANÈTE SAUVAGE et ELSA, les mondos et les pornos.  Il me manque vraiment beaucoup. Le VHS me manque. Les images des pochettes de mon enfance me manquent. Vous savez, quand les films parlant d'un jeune garçon subissant une mutation après avoir fusionné avec un canon laser s'appelaient tout simplement...RAYON LAZER!
Cette semaine, le 7ème vous parlera de ces films que l'on pense avoir vu...mais dont on a inventé la totalité de l'histoire tout simplement à cause du choc que nous procuré les images de la pochette. Vous avez assurément une.
Nous avons fait l'exercice jusqu'au bout, celui de trouver LA pochette fascinante qui nous hante depuis des décennies et regarder enfin le putain de film, question de voir enfin de quoi il en retourne.

Nous avons arrêté notre choix sur X-TRO de Neil Bromley Davenport. Après des années à être fasciné par toutes les images du film, enfin nous allions savoir de quoi il en retourne

Non mais regardez-moi ce bijou d'affiche...
Les aminches, le 7ème antiquaire vous en conjure, XTRO est une découverte à faire. Si vous avez vu ce film trop jeune, soit vous n'avez rien compris à ce que vous avez vu, vous avez engoncé le traumatisme biiiieeeen loin dans votre mémoire ou vous êtes devenu un violeur d'animaux de compagnie professionnel.  Plus qu'un simple film ovni, XTRO est  littéralement un drame de chambre psychanalitique...avec un extra-terrestre violeur en guise de tartuffe. C'est presque trop beau pour être vrai. En essayant de grappiller maladroitement les grands succès de film d'extraterrestres de l'époque, Davenport a accidentellement fait un film quasi expérimental, un agencement improbale d'influence qui donne un objet non identifiable. Une fausse suite de RENCONTRE DU TROISIÈME TYPE qui devient une relecture de E.T...avec Alien comme protagoniste. À BOUT DE SOUFFLE allait puisé à la source du film noir pour inventer un nouveau genre; XTRO fait la même chose avec le film d'extraterrestre mais dans une inconscience des plus totale. Le résultat est forcément fascinant puisque le film de Davenport s'est fait instinctivement. Tout dans ce film est une plongée dans les recoins les plus boueux de la psyché humaine...
Je parle pas juste du XTRO en question, espèce de mélange entre Alien et Stephen Hawkings, ou même du fait que l'extraterrestre en question est un humain kidnappé jadis par des ovnis qui a laissé un fils traumatisé par son départ et qui vient le récupérer même s'il n'a plus "vraiment" forme humaine


Je parle pas non plus des moments où le fils se met à menstruer, ni même quand le père re-vient au monde de vivant en accouchant-écartelant une pauvre femme en deux...

Non. C'est vraisemblement quand les jouets du garçon prennent vie et se mettent à décimer le gens que ce film m'a convaincu de son génie, tout involontaire soit-il.
X-TRO est sans contredit un des plus glorieux vestige de l'époque des grands (v)idéaux. Reste plus qu'une chose à dire. Merci XTRO...merci XTRO..merci XTRO...merci Xtro... merci xtro

2 commentaires:

  1. J'avais écouté l'émission et je me rappelle bien avoir passé devant les pochettes des trois films mentionnés sans les louer, et ce dans plusieurs clubs vidéo que je fréquentait (Surtout du temps ou le Superclub Vidéotron avait un espace immense ici, à Drummondville où l'on pouvait aussi louer des trucs comme "Le Grand Decameron avec son âne qui chie des pièces d'or ou le film d'animation Lightyears.) Il y avait des clubs video à peu près tout les coins rues et j'étais abonné à plusieurs.

    Michel Fafard

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  2. WOW! Comme je me dis souvent après une émission du 7e antiquaire, Faut que je revois ce film (les autres fois,je me dis: Faut que je VOIS ce film, parce qu'il s'agira d'un film que je j'ai pas vu.... comme pour Conundrum of the Flesh... mais cette fois-là j'ai été décu, passons). J'ignorais que Xtro était en quelque sorte voulu par l'auteur (sans atteinte à la franchise) comme une suite informelle à Close Encounter of the Third Kind. WOW encore!!!! C,est juste trop hot!!!!! Ca me donne le goute de faire un programme double! Ensuite je m'en fait un autre avec Prometheus/Alien 2: Sulla Terra.
    Une autre fois: M E R C I!

    PS: Un pokemon cosmique!?! je dirais plutot un digimon, pour cause de transformations

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